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  • Sophie Jonquet

Le patron signait des crédits à la place de ses clients, une étudiante en alternance le dénonce

Alain Sabbah, 61 ans, l’avoue à la barre du tribunal correctionnel de Nice, il est un piètre gestionnaire. Patron de France Energy, société qui posait des panneaux solaires, il a floué des dizaines de clients et laissé sa société avec un passif de 1,2 million tout en menant grand train.


Ce chef d’entreprise n’en était pas à sa première déconfiture puisqu’il était frappé d’une interdiction de gérer.

L’affaire aurait sans doute mérité l’ouverture d’une information judiciaire. Le parquet a préféré garder la main sur les investigations ce que regrette Me Sophie Jonquet, l’avocate de la défense.


enquête de gendarmerie a été menée exclusivement à charge contre un homme à qui on reproche plus de dix infractions différentes, souvent complexes, souvent anciennes."

Devant la présidente Marion Menot, Alain Sabbah fait profil bas, écrase une larme quand il justifie sa gestion cavalière et des abus de biens sociaux. Devant la présidente Marion Menot, Alain Sabbah fait profil bas, écrase une larme quand il justifie sa gestion cavalière et des abus de biens sociaux.

La présidente a du mal à voir le rapport avec la série de malversations reprochée au prévenu. Il a fallu le civisme d’une étudiante en alternance pour que les pratiques douteuses d’Alain Sebbah soient mises au jour.

En 2013 , la jeune fille dénonce les imitations de signatures qu’elle et deux autres secrétaires sont contraintes de faire lors du montage de dossiers de financement d’éoliennes et de panneaux solaires.

"Une société de téléprospection basée en Tunisie, prenait rendez-vous avec les clients, puis il y avait une demande en mairie pour les autorisations de travaux puis en un bon de commande signé. Grâce à un subterfuge, les clients ignorent qu’ils signent en même temps une demande de crédit", résume la présidente Marion Menot.

Quatre ans de prison dont 30 mois sursis

"On s’y est mal pris mais jamais on a fait ça dans l’intention de voler des clients qui avaient de toute façon, des panneaux solaires", se défend mollement le prévenu. "Il fallait aller vite pour récupérer les aides de l’Etat et faire baisser les mensualités."

Au moment où les clients s’apercevaient de la supercherie, ils n’avaient plus comme interlocuteur que l’organisme de crédit.

Sur les 108 dossiers clients épluchés par les enquêteurs, les promesses d’autofinancement n’auraient jamais été tenues.

L’une des victimes a chiffré son préjudice à 13.000 euros. Un autre explique que "les panneaux n’ont jamais été reliés au réseau". Pas la faute du prévenu, en l’occurrence, mais d’un sous-traitant.

Le procureur Yves Teyssier requiert quatre ans de prison dont deux avec un sursis probatoire et dix ans d’interdiction de gérer.

À l’instar de la présidente, il s’étonne que les 125.000 euros sur les comptes du prévenu n’aient pas été saisis par le liquidateur pour renflouer la société en difficulté. La société aurait périclité avec, au passage 450.000 euros détournés, puis le prévenu en aussitôt créé une autre.

"Son casier judiciaire vierge lui permet d’être accessible à une peine avec sursis", rappelle Me Jonquet. "La partie ferme me paraît disproportionnée alors que M. Sebbah a une vraie prise de conscience."

Reconnu coupable, Alain Sabbah devra rembourser environ 60.000 euros aux rares victimes qui s’étaient constituées parties civiles. Il est condamné à quatre ans de prison dont trente mois assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans. Une peine aménageable.

Il est donc ressorti libre du palais de justice avec l’obligation de ne plus gérer une entreprise.





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